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La vie en pot

24 septembre 2012

Quelque part entre l'humain et l'inhumain

Allez.  Je me lance. Quelques mots pour commencer. Comme ça, pour le plaisir de les voir s’inscrire sur la toile, espérant attirer peut être quelques spécimens lecteurs.

Un nombril de plus à ergoter sur la marche du monde. Certes mais c’est le mien de nombril et ces mots sont autant pour moi, que pour toi qui est venu te perdre par ici. Ils sont aussi pour elle, en filigrane, quelque part dans un ailleurs, que je ne peux qu’esquisser. Combler la distance réelle et imaginée qui me tient accroché dans une autre vie que la sienne.

 

C’est beau un mot, cela ne mange pas de pain, et ça se pose tout seul ou presque entre deux tafs, deux bouffées de poison. Ça raconte et se raconte. Ça peut aider aussi, à s’ouvrir et se découvrir. A vivre dans un autre monde, dans un autre regard que celui que l’on porte sur vous.

 

Aujourd’hui j’ai laissé les mots ouverts, pour 9 personnes qui n’ont pas l’habitude de les utiliser. Aujourd’hui j’ai animé mon premier temps d’atelier d’écriture. Pas pour moi, mais pour eux. Pour qu’ils se racontent, qu’ils se parlent, qu’ils se regardent autrement et puisse s’appréhender au-delà de leurs maux.

Misère, handicap, analphabétisme, illettrisme, RSA, chômage. Ils sont sans le sou, sans le rêve, survivent au quotidien dans un monde de brute qui leur colle tout les défauts du monde, et les soumet  à sa violence verbale, et financière, insidieuse, tuant petit à petit bien plus que l’espoir d’un lendemain meilleur.

 

Oublier l’école, ses notes, ses fautes, ses accords, ses dictées, les jugements de valeur, pour mieux s’approprier l’intime de son histoire et mettre en marche un autre rapport. Oublier la forme, pour mieux recevoir leur histoire, leurs histoires.

Qui peut décemment croire qu’ils n’ont rien à dire, rien à raconter parce que les mots et l’écrit ne leur sont pas familiers, et parce qu’ils vivent dans une misère économique quotidienne, avec un horizon bouché par les nuages de la mondialisation.

 

Il y a longtemps ils ont eu une place dans notre monde. Eux aussi se levaient le matin en grognant pour aller travailler. Eux aussi ont prononcé ces mots que vous dites parfois : pas envie d’aller bosser, envie de rester à la maison.

Et puis la vie qui est une chienne que l’on subit plus qu’on ne la manipule, s’est mise au milieu du chemin, hargneuse et remplie de rage elle a donné des coups, mordue, aboyé, barré la voie qu’ils croyaient être tracé pour eux. Celle que l’on imagine dégagée et qui n’est que chausse trappe.

 

Pour eux, pour elle, pour le plaisir des mots sans le jugement 

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